L’assemblée générale des Nations Unis a proclamé que l’année 2015 serait l’année internationale de la lumière et des techniques utilisant la lumière. L’université des Sciences et Technologies de Lille a participé à cet évènement en proposant des manifestations scientifiques. Quant à elle, la SPUL a imaginé un programme culturel et artistique basé évidemment sur la photographie. Son projet a reçu le label UNESCO par son comité français.
La SPUL, Société Photographique des Universités de Lille, a organisé du 26 mars au 17 avril 2015 l’événement « Premier Jour », un ensemble d’ expositions photographiques prolongées par des évènements, ouvert à tous, à l’Espace Culture de l’Université de Lille 1.
On pouvait y découvrir 3 expositions :
Le programme du vernissage comprenait :
Photo-graphier. Écrire grâce à la lumière. Philippe Timmerman utilise la lumière en tant que médium : en la projetant sur des corps réels, il crée des univers où l'ambiguïté de la technique est clairement revendiquée : sommes-nous en présence de peintures ? De photographies ? L'artiste pioche dans la culture visuelle et compose ses œuvres en peignant et sculptant des silhouettes, des étoffes et des décors avec la lumière. Ses travaux récents transcrivent un monde métissé grâce à la projection de motifs africains ou asiatiques aux couleurs chatoyantes.
Définissant lui-même son œuvre comme relevant plus de l'art numérique que de la photographie, Dominique Prévost est un artiste d'avant-garde. Il exploite les possibilités offertes soit par d'anciennes photographies argentiques soit par des captations plus récentes, afin de revenir aux sources de la matière grâce la lumière et aux couleurs. Ce travail presque microscopique lui permet de « montrer la réalité telle qu'elle est, mais que l'on ne voit pas parce qu'on ne la regarde pas ». Sa formation auprès de Lucien Clergue lui a offert de côtoyer des domaines artistiques variés, et il se plaît à faire le parallèle entre les ondes acoustiques du milieu musical et les trajectoires lumineuses qu'il nous dévoile à travers son travail sur les pixels.
Une section entière de l'exposition était conçue par les membres de la Société Photographique des Universités de Lille. Elle avait pour fin de démontrer la corrélation entre l'évolution des techniques et le développement de mouvements esthétiques et philosophiques en photographie. C'est la lumière qui permet de fixer la réalité sur un support recouvert d'une substance chimique réceptive. Si la première image photographique, due à Nicéphore Niepce, date de 1826, c'est véritablement au milieu du XIXe siècle que les procédés de fixation se démocratisent, à travers le daguerréotype. Le procédé négatif - positif du britannique Talbot permit parallèlement de diffuser une même image à grande échelle. Apparaît ensuite la couleur grâce aux frères Lumière au début du siècle suivant. Les prises de vue deviendront de plus en plus rapides et les appareils se transporteront de plus en plus aisément. La démocratisation de la photographie permet en premier lieu de développer essentiellement le genre du portrait. D'abord dans la continuité de la peinture académique, le portrait offre à chacun de posséder sa propre image, que ce soit dans un but de représentation ou de souvenir – portrait familial, mariage, baptême, communion. Il acquiert également peu à peu une fonction documentaire avec le système d'identification du criminologue Bertillon et les reportages ethnologiques. Le travail des professionnels et artistes photographes se spécialisera peu à peu pour se différencier des pratiques des amateurs, notamment en réalisant un portrait moral et intime de leurs modèles. De nos jours, le numérique a encore multiplié les possibilités offertes aux artistes. Les photographes de la SPUL nous proposeront leur abrégé de l'histoire de cette technique, tout en nous présentant leurs travaux récents.
Kaixuan FENG réalise des performances artistiques. Elle y prend elle-même part, et en incarne le pivot central. Son corps, sa chevelure, sa grâce et ses gestes transmettent les us et coutumes asiatiques, à dominante chinoise, son pays natal, et épousent les lieux et atmosphères qu'elle trouve sur son chemin, en France. Artiste active et reconnue dans le monde culturel français et au delà, Kaixuan Feng attache un intérêt particulier aux relations humaines et au don de soi. Sa performance emblématique reste celle de l'Hospice d'Havré, durant laquelle elle offrit le thé qui résultait du passage de l'eau chaude sur son corps et sa robe composée de sachets de thé cousus les uns aux autres. Les traces, objets utilisés lors de chaque performance et les échanges qui peuvent s'opérer avec le public sont généralement exposés eux-mêmes en tant qu’œuvre à la suite de l'action.
Rédactrice en chef du magazine Réponses Photo pendant plus de 20 ans, Sylvie Hugues est aussi photographe et auteur de deux livres de photographie : Sur la plage paru aux éditions Filigranes et Fra For aux éditions Verlhac. Elle a animé plusieurs débats sur la photographie, dirigé quelques workshops, tenu une chronique sur France Inter dans l'émission Regardez voir, eu la charge de commissaire d'exposition, participé à de nombreux jurys... Bref la Photo, c'est sa passion et elle aime en explorer toutes les facettes : esthétique, pratique et technique.
Illustrer la lumière avec la photographie est presque énoncer un pléonasme, puisque « Photo-Graphie » signifie mot pou mot écrire/peindre/dessiner avec la lumière. Pour illustrer la lumière en photographie, pourquoi ne pas en raconter l’histoire ? On peut le faire en établissant une rétrospective des plus grandes photographies, ou en s’inspirant des différents courants qui ont animé et/ou animent encore notre médium. Il s’agit alors de raconter une histoire au futur antérieur.
La photographie numérique a supplanté dans les usages tous les autres procédés d’enregistrement de la lumière. Cette avancée technologique doublée d’un succès économique ne rend nullement obsolètes les dispositifs antérieurs sur le plan artistique. Dans l’inconscient collectif, ceux-ci gardent l’aura fière du travail de l’artisan, de son ingéniosité et de la belle ouvrage. Leur succession – daguerréotype, calotype, albumine, collodion, gélatino-bromure d’argent, Kodak, l’autochrome, le 24×36, le polaroïd – s’est doublée d’évolutions du goût et des écoles artistiques – le mouvement héliographique (et son journal La Lumière !), le pictorialisme, le groupe Photo-Sécession, le surréalisme, le reportage social, le reportage journalistique, la photographie humaniste, le pop-art, la photographie poétique, conceptuelle, l’Ars povera…
C’est cette voie qu’ont suivie les photographes de la SPUL : tenter d’illustrer quelques pages de l’histoire de la photographie en mettant leurs pas dans les pas de quelques photographes reconnus. Ils vous présentent ici le résultat de cette promenade artistique et historique.